Badiya
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Lehun - Neutre : Erudit | Plume brisée dans l'incendie de l'aube, incandescente face à la fureur de minuit.

Anonymous





Invité
Invité
Ven 22 Juin 2018 - 14:21


Lehun


Fils de : Hylde.
Âge : Trente-deux ans.
Appartenance : Aucune.
Métier/Occupation : Erudit, bibliothécaire à la Grande Bibliothèque d'Assima et informateur. Secondairement, collectionneur de livres anciens - voire de reliques - et historien consultant rarement voyageur. Il se trouve généralement entre les trésors de la bibliothèque dès l'aube et retourne sous son toit dans la nuit, à des heures irrégulières. Il reste toutefois disponible ; ses portes sont éternellement ouvertes.
Avatar : OC de 唐。.
Rang souhaité : Songe perdu.

MIROIR


Pilosité : Une teinte naturelle poivre et sel, qui tend encore vers les tons foncés malgré la multiplicité de ses mèches déjà claires. Une tignasse courte et volumineuse dont il est difficilement possible de venir à bout. Elle est toutefois entretenue et en possède une douceur assez surprenante lorsqu’on a l’habitude de toucher son désordre avec les yeux. A part elle, sa pilosité est étrangement très faible.

Visage : La finesse dans laquelle sont taillés ses traits lui donne une apparence aux tendances androgynes. Une forme de diamant rendue subtile par la minceur de son visage et sa coupe de cheveux.  Un petit menton surmonté par des lèvres légèrement pulpeuses, moyennement creusées par l’arc central. Un nez retroussé, un grand front embêté par quelques mèches rebelles. Et, surtout, sous ses longs sourcils, deux petits yeux ornementé de longs cils épais. S’y cachent des prunelles aux teintes fades de vert où nagent de faibles fêlures sombres de marron, toutefois suffisantes pour que ses yeux paraissent ambres au soleil. Un effet de clair-obscur vaguement intriguant s’il vient l’occasion de s’en rendre compte, puisque les rayons de notre astre du jour dominent le désert.

Corps : Cinquante-deux kilos pour un mètre soixante-quinze. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de gagner un peu en corpulence. Il fut un temps où il avait réussi à consolider légèrement sa musculature – c’était avant que son état de santé ne prenne un coup drastique. Elle est encore présente, bien qu’elle ait perdu sa consistance ; fine, mais convenablement répartie. Le peu qu’il en reste est conservé par ses multiples voyages : un dos souligné par les minces courbes de ses flans, un fessier remonté par la marche et des mollets décorant ses longues jambes.

Peau : Plus ou moins claire, suivant les caprices du soleil. Douce. Lisse. Hydratée si possible. D’une senteur discrète qui rappelle la fraîcheur de l’eau, mêlée aux faibles odeurs des breuvages médicamenteux qu’il avale. Elle est traitée comme de l’or pour compenser son aspect blême.  

Code vestimentaire : Se protéger du soleil. La chaleur est plus supportable que des brûlures. De toute façon, il transpire peu, et mal. Alors ce sont de longues manches, haut comme bas, généralement dans les tons clairs, bien que, sur son teint blafard, il ait ainsi l’air d’un cadavre – blanc, gris pinchard, bleu dragée, vert d’eau... Chainse, tunique, chemise en lin sur tongs, pantalon simple par moment. Lorsque le soleil descend et que la température s’allège, il lui faut redoubler de précautions : il s’adapte aux teintes nocturnes, se vêtit d’une pèlerine ou d’un long cardigan, voire d’un poncho plus ou moins épais, ainsi que d’une couverture portée comme tel selon l’humeur de sa santé. Et, chez lui, un débardeur sur un dhoti ou un sarouel.

Particularités physiques : Il est malade. C’est ce que les guérisseurs lui ont souvent répété, sans pouvoir détailler les faits. Il est faible et il s’essouffle facilement. Sa conscience menace de se briser à tout effort. Son teint est pâle. Ses yeux sont bordés de cernes profonds. Des maux de tête constamment présents, encore supportables. On ne sait même plus si son insomnie est due à son état de santé ou à sa lucidité exaspérante. Mais ce n’est rien de plus grave, quand il fait chaud. L’habitude rend les choses simples. En temps moins lourds, qu’il qualifie personnellement de « frais », comme durant les nuits, son teint devient jaunâtre. Sa fatigue l’empêche presque de marcher, son corps l’abandonne. Ses maux de tête vibrent, résonnent. Et il se met à perdre du sang dans ses selles, de quantité heureusement peu alarmante. Et personne ne comprend pourquoi. Mais tant qu’il se couvre, qu’il s’enrobe d’une chaleur semblable à celle du jour, "tout va bien."

FENÊTRE


aura

Assis. Les doigts pianotant sur la surface entretenue de la couverture d’un bouquin. Un faible sourire s’harmoniant au creux profond de l’arc de Cupidon. Son silence dessinant une bulle de sérénité. Sa douceur, son calme, sa sensibilité, sa grâce l’affublant de dignité.

Il est si facile à faire rire, si facile à émouvoir. Sa présence est reposante. Ou, au contraire, pire qu’agaçante.

Aussi discret qu’une brise. Aussi sombre qu’une tombe.

Quelque chose meurt en lui. Son corps témoigne de cette guerre. Ses cernes, sa pâleur, sa maigreur inquiétantes. Chaque parcelle de sa chair semble crier à l’aide, malgré leurs chances infimes d’être un jour sauvées. Est-ce de côtoyer la mort à chaque lever de lune qu’il accorde autant d’importance à la Vie ?

Il ne le sait pas vraiment. La réponse s’est dérobée en compagnie de ses plus vieux souvenirs. Il se contente d’aimer la Vie autant qu’il en est capable. De la sentir du bout des doigts tant qu’il le peut encore. De laisser s’échapper ce qu’il ne lui est plus rattrapable. Et de tendre au monde en péril son cœur en or.

Car il aime. Objets. Plantes. Animaux. Inconnus. Même par la pire des horreurs qu’il puisse subir, l’absence de pardon ne l’empêche pas d’aimer. Il aime et cela se sent dans la chaleur de ses prunelles, dans la tendresse, même tigrée de fatigue et de cicatrices, que communiquent ses yeux. Il aime et cela se voit dans son toucher lent, dans ses gestes et son attention, dans ce flux d’affection dont résultent maintes et maintes fois des brûlures. Il aime et cela se sait, peu importe à quel point il puisse se distancer ou se refroidir.

C’est une faille que sa puissance d’esprit a su combler. Aimer sans s’y soumettre. Aimer pour forger ceux qu’il aime. Alors il est honnête dans ses propos, ne parle jamais dans le but d’être gentil et ne manque jamais à ses paroles. Il se dédie corps et âme, aime en étant entier, offre sa confiance les yeux bandés, à la seule condition de ne pas être trahi. La moindre parjure le brise. Et il ne pardonne pas. Quand bien même la volonté de croire le tiraillerait.

Autant qu’il aime, il sait s’éloigner. Disparaître derrière un mur de glace forgé de ce calme marqué, de ce sang-froid qui aurait été considéré comme inébranlable si son amour de frère, le seul être qui pourrait le tuer par de simples mots, n’existait pas. Et ainsi conserver la dimension d’un être sage, qui ne sait que sourire quand il faut céder au monde quelques larmes.

Comme s’il n’était déjà plus que le fantôme d’un érudit et que sa douceur n’avait toujours été qu’un simple mirage.

entrailles

Personne ne le voit, mais tu as peur quand on t’approche, quand on te tend la main, quand on t’offre l’esquisse d’un sourire. Tu as peur de mal comprendre, toi qui n’es jamais parvenu à déterrer le fil conducteur de tes congénères ; et, surtout, tu as peur de ne pas être compris.

C’est une angoisse permanente, malgré ta visible aisance et ton habituelle bonne humeur. Alors tu t’en tiens à ton rôle, c’est plus facile pour eux et pour toi qu’ils te voient comme tel. Transmettre le savoir, éclairer les routes, écouter ce qui a besoin d’être dit.

Ils sont peu à prêter attention à tes divagations existentielles qui partent du grain de poussière et parviennent à l’infini. Et ils sont peu à essayer de comprendre tes moments d’absence, d’errance ; ces moments où ton esprit s’extirpe du monde sensible.

Ils sont peu, mais suffisants, et tu n’en veux pas aux autres. Il y a plus important en terres arides que de soutenir un esprit volatile, que de réparer incessamment une machine à penser, que de protéger une âme empathique et pourtant perdue face à ses propres émotions.

GOUFFRE


D’aussi loin que je me souvienne, le monde m’a toujours paru tentaculaire. Des mains invisibles m’agrippent à son sein, m’obligeant ainsi à rester, même s’il fut un temps où je n’avais aucune raison d’obéir.

La décision ne nous appartenait pas de venir au monde. Celle d’y rester nous a lourdement été attribuée. Vivre est, en nos temps, devenu un devoir dont on ne réalise pas encore l’importance, enfant. Car nous naissons vacants et insipides, comme des coquilles en l’attente d’abriter quelque chose, comme des pages vierges en l’attente d’histoires retranscrites.

Je trouvais les miennes dans l’observation et le silence. Dans les souffrances étouffées des femmes qui m’entouraient et l’innocence menacée de leurs enfants, dont j’ai autrefois été protégé par mon ignorance. J’avais ensuite détourné les yeux vers l’extérieur, où les dunes de sable qui traçaient l’horizon, marbrées de nuances orangées sous le vif spectacle écarlate du soleil à son enterrement, me tendaient à la fois l’infini et le vide.

Et les seuls moments où je retrouvais cette illusion de liberté étaient précieusement gardés par les bras de maman.

C’était une femme douce. Elle n’était pas spécialement belle, mais munie d’une dignité qui la rendait reconnaissable parmi mille autres et d’un sourire si éblouissant que toute douleur s’évaporait, comme purifiée. Sa simple présence suffisait à gommer les ombres farouchement lumineuses du palais.

Pendant quatre ans, elle avait été la seule à me chercher quand mon corps se mettait à errer avec mon esprit. La seule à comprendre ou à accepter mes brusques angoisses, à me tenir compagnie à chaque fois que le sommeil me rejetait, à embaumer d’amour chaque brûlure du temps. Ses caresses me rassuraient lorsque mes questionnements m’effrayaient moi-même. Elle me disait : « Mon cœur, ma chair, mon sang, maman n’a eu pire douleur qu’en te donnant la vie, et parce qu’elle y a survécu, elle est assez forte pour te protéger. »

« N’aie jamais peur que ton esprit lui fasse mal. N’aie jamais peur que tes peurs la consument. »

« Cède-lui ta peine. Elle t’aidera à la porter. »

Il en était ainsi jusqu’à une fébrile nuit, durant toute laquelle sa chambre m’avait été interdite. L’angoisse qu’elle contenait se glissait à l’extérieur, des cris s’entendaient par moment et des pas incessants résonnaient. J’attendais dans le couloir, comme un chat perdu, assis contre le mur, les yeux posés sur la vilaine porte de bois qui me séparait d’elle. Je voulais cacher ma peur, faire preuve d’une bribe d’audace, en serrant fermement mes poings pour en dissimuler les tremblements.

Ce fut bien la première et la dernière fois qu’il m’eût fallu faire semblant d’être courageux. Car, dès le moment où elle sortit de sa caverne, la lumière du jour me dévoila le petit être qu’elle serrait dans sa poitrine. Celui auquel j’avais déjà promis ma vie, sans-même m’en rendre compte. Celui pour lequel je n’hésiterais jamais à me battre, ô combien je puis être faible et fragile.

Sherkan s’agitait bêtement dans ses bras ; les yeux fermés, il ne concevait pas encore l’espace, le temps, la vie. Il était simplement là. J’aurais pu le détester pour avoir volé ma place. J’aurais pu en vouloir à maman pour l’avoir tiré dans un monde cauchemardesque. Au lieu de quoi je regardais en pleurant sa toute petite main enlacer mon plus petit doigt, un innocent sourire collé à ses lèvres.

Je m’amuse encore aujourd’hui à lui dire que je l’aurai connu dans la période où il avait été laid.

Suite à sa naissance, le monde semblait s’être altéré. La fausse pénombre du palais avait laissé ses griffures cicatriser aussi bien que la lumière de l’horizon avait perdu de son éclat. Voguer dans un monde qui m’était à moi seul atteignable ne m’intéressait plus dès lors que maman n’était plus la seule personne à chercher ma présence.

C’est drôle comme un bébé, aussi stupide et inutile puisse-t-il être, peut donner un sens à tout un vécu, dont sagesse et expériences ont déjà été filées. Voir maman, de toute sa force et sa dignité, se plier en face d’un nouveau-né était d’une contradiction frappante que je trouvais pourtant magnifique. Lorsque je lui en avais fait part, la lune sortait à peine de son lit de sable, éclairant faiblement la chambre de maman. Sherkan était lové dans le cocon de pelage d’âne qui m’avait moi aussi tenu au chaud et à l’abris de la poussière, six ans plus tôt, plongé dans un sommeil lourd et bien mérité.

Comme à chacune de nos discussions, le regard de maman s’était perdu à l’extérieur, rivé sur un royaume qu’elle n’avait jamais exploré. Ses yeux se remplissaient de rêves interdits, de merveilles martyrisées par le devoir d’un adulte et d’une chaleur émouvante dont elle seule détenait la clef.

Cette nuit-là, elle me parla de papa. Elle me renvoya l’image d’un homme dont on retenait le nom, d’un homme dont la force était un cadeau de son vécu. C’était une masse à la fois de muscles et de sagesse, un mélange que l’on rencontrait peu souvent à l’Est. Il était arrivé – elle me l’avait dit en riant, regagnant la naïveté d’une jeune femme amoureuse – avec tant d’énergie que la pièce semblait craquer, incapable de la contenir. Et il s’était approché avec un sourire tendre aux lèvres, chevauché d’un regard brûlé par la rage de vivre. Le regard d’un combattant.

Papa ne voulait pas d’un enfant pour la perduration de la race humaine. Il voulait un récipient dans lequel déverser tout ce qu’il contenait – ses forces, ses valeurs, sa gloire – le jour où son dernier souffle lui serait arraché. Un moyen de préserver sa fierté après sa mort, d’assurer son apparition dans les souvenirs qui s’en suivraient.

Je me sentais fier à l’idée que mon existence portait à mon insu une telle signification, si bien que, quand j’eus enfin l’âge de participer aux cours et entraînements basiques, aux jeux qui formeraient à la stratégie, au combat et, en bref, à tout ce qui aurait fait de moi un fils digne des attentes papa, je visais la perfection. Les domaines intellectuels formaient mon élément ; en compensation, tous les efforts que je n’avais pas à y fournir me forgeaient physiquement. Et je progressais.

Ma vie d’enfant s’était rythmée, peu à peu, suivant les cadences de mon cœur et des pas de mon frère. Mais ça bloquait quelque part, dans mon esprit. Un rouage ne rentrait pas. Je repoussais peu à peu l’horreur du palais et la liberté de l’extérieur, me complaisant dans un vide intérieur que la présence de Sherkan rendait insignifiant. Je grandissais en manquant de quelque chose et, à sept ans, malgré mes capacités d’analyse que les érudits me complimentaient souvent, j’étais encore tout bonnement incapable de la cerner.

De toute façon, j’avais de moins en moins le temps d’essayer. Mes moments libres se dérobaient, je les laissais disparaître comme l’eau s’échappant subtilement entre nos doigts alors qu’on pensait la retenir. Je ne voulais plus laisser de la place à mes questions, à mon esprit, à mon être. J’avais peur de prendre le risque de haïr le monde, de regretter le choix de mes raisons pour y rester.

Puis vint cette nuit brisée, cette nuit en morceaux dispersés dans les cendres de mes plus grands espoirs. Elle avait commencé par un essoufflement bénin que j’avais assimilé à une surcharge d’efforts physiques. Elle s’était terminée sur les cris de Sherkan qui essayait de m’empêcher de disparaître. Il s’agrippait à mon corps comme s’il s’agissait de mon âme, les yeux ronds, gonflés par la détresse et les larmes : « Reste, Lehun ! Reste ! Me laisse pas derrière, me laisse pas seul ! Ne me laisse pas… », d’une voix paniquée, sous le regard grave de maman et de quelques autres inconnues, toutes persuadées que je disparaîtrais avant que le soleil n’entrât sur scène.

Je ne sais pas si ce fut de voir mon petit frère, mon petit ange, mon petit Sherk, qui m’avait donné la force de résister. Je ne sais pas si j’aurais encore été là sans lui. Je ne sais pas vraiment si j’avais lutté d’une quelconque manière, à vrai dire. Sur mon lit, je songeais à tous mes efforts vains. Je songeais à toutes mes précédentes questions, auxquelles je pensais avoir apporté des réponses. Je songeais à ce que dirait papa s’il me voyait dans cet état. J’imaginais sa déception avant le chagrin de ceux que j’aurais laissé derrière moi. Le sentiment incertain d’un inconnu au-dessus de l’amour de mon entourage.

C’était égoïste. Fortement égoïste. De m’accrocher à ce qui m’avait donné une raison de rester ici, en oubliant ce que j’étais réellement – un humain, un fils, un grand-frère. Je ne m’en rendais toutefois pas encore compte, en sortant de ma chambre, après des jours d’immobilité. J’étais redevenu cette chose vacante et insipide, comme une coquille dont le protégé avait été arraché, comme des pages dont les histoires avaient été effacées.

Je trouvais dès lors mes histoires dans la solitude et la lecture. Dans le sentiment d’inexactitude qui germait dans ma faiblesse permanente et l’espérance vaine de guérir un jour. J’avais ensuite détourné les yeux vers le soleil, dont les rayons ondulatoires, qui brisaient la noirceur de l’impureté de la vie, dissipaient ma fatigue et comblaient les creux de mes rêves.

Un an passa sous l’obscurité. Inconsciemment, je m’étais peu à peu habitué à mes nouvelles conditions de vie. J’avais accepté les maux de mon corps, les rendant supportables, parfois sans importance. J’avais pris des petites manies qui facilitaient mon quotidien et trouvé des passions qui n’étaient pas forcées : apprendre, savoir, lire. Et, une fois prêt, j’avais refait la connaissance de mon frère. Lui offrant un grand-frère aimant et renouvelé par la vie, dont le sourire n’avait jamais été aussi sincère.

Je suppose que renaître me fut une étape importante pour grandir et prendre suffisamment de recul par rapport à moi-même. J’avais ainsi trouvé la pièce manquante du dispositif que ma naissance avait mis en route : le bonheur. Et pour cela, je ne pouvais pas rester à l’Est. L’éducation qu’on y recevait ne correspondait pas à mes envies. On y apprenait à survivre, quand je voulais tout simplement faire l’inverse et vivre pour apprendre, se dévouer à la connaissance, aux secrets que recèle notre passé commun.

Nous formons un seul et unique peuple, uni par ce qui nous a précédés, par des souvenirs oubliés que nous avons mis de côté de peur de sombrer dans un passé craquelé, de ne pas pouvoir en ressortir. Il fut un temps où oublier ainsi notre histoire était nécessaire à notre survie. A huit ans, j’ai toutefois commencé à penser qu’il nous était possible d’essayer de collaborer, de former un seul mécanisme et d’ensabler les conflits qui nous ont séparés.

Je ne manquais jamais de partager ce point de vue, tout particulièrement avec mon frère, lorsqu’il nous arrivait de tomber sur le sujet des tribus : « Je suis convaincu que nous pourrions tout simplement vivre ensemble. » C’est une phrase qui aspire à une paix naïve. Mais dire que cette paix est stupide ne m’a jamais persuadé qu’elle en est impossible. Au contraire. Les solutions les plus simples sont souvent les plus difficiles à admettre.

Supputons qu’il s’agisse de l’orgueil humain…

Malheureusement, et c’était le grand paradoxe de mon existence, ma santé ne me permettrait plus d’aller ailleurs.

Maman m’avait expliqué que papa m’attendrait dans le désert, peu importe ce à quoi je ressemblais et ce dont j’étais capable. Qu’il me prendrait sous son aile en trouvant ma force dans mon esprit, et non dans mon corps. Et qu’il serait mieux pour moi que je le rejoignisse au sein de la tribu du Sable, afin que je pusse trouver appui sur d’autres épaules et combler mes incompétences physiques. C’était des paroles quelque peu rassurantes. J’avais abandonné mon accroche envers cet homme, mais savoir que je serais accepté quelque part m’aidait à accepter mon cloisonnement à l’Est.

Car je pensais être devenu prisonnier des dunes interminables de l’Est, dont l’horizon sec formait les barreaux, jusqu’au jour où je rencontrai papa.

Je racontais une histoire à Sherkan, embrassant ce moment particulier dont j’avais droit tous les jours à ses côtés. Il portait ce même regard illuminé qu’il arbore encore aujourd’hui lorsqu’il me dit au revoir, le visage tourné vers une énième route invisible, vers une nouvelle aventure. J’aimais lui faire oublier les murs du palais en nourrissant son amour pour l’inconnu ; l’inciter à découvrir, peut-être pour compenser de façon égoïste ma propre incapacité à m’évader, peut-être de peur qu’il se sente lui aussi prisonnier, peut-être simplement pour voir son sourire… ou peut-être pour ces trois raisons.

Je ne lui ai jamais demandé s’il se sentait bien, au palais. Il me disait de temps à autres qu’il mourait d’envie de sortir sans que je ne comprisse s’il détestait cet endroit pour autant. Les moments que nous partagions étaient plus centrés sur le présent, sur le fait d’être là, lui et moi, que sur la remise en question de nos places. Nous nous contentions d’apprécier chacune de nos retrouvailles après une longue journée, de passer du temps ensemble, de créer notre petit monde de merveilles et de sûreté en compagnie de maman.

Maman était entrée sans frapper, un immense sourire scotché aux lèvres, et m’avait annoncé la nouvelle. Je ne sais pas quelle force, quelle surprise, quelle hâte m’avait soulevé ; si c’était par curiosité ou par joie, si je voulais lier un visage au mot « papa » ou si je voulais matérialiser un fantôme de mon imagination. J’avais quitté ma chambre d’un bond, m’engageant dans une course effrénée en direction de l’accueil et manquant plusieurs fois de trébucher dans mes propres vêtements. Et je l’avais vu là, sa stature imposante faisant tâche dans le calme de la pièce. Il s’était quant à lui levé, venant à moi d’une démarche assurée. Pour me dire : « Mon fils. »

Et croyez-moi quand je dis que c’était étrange d’entendre ce mot avec une voix masculine. Autant qu’il devait être étrange pour lui de revoir le bébé qu’il avait dû quitter, huit ans plus tôt.

Nous avions longuement discuté, ce soir-là. De ce qu’il attendait de moi, de ses projets, de ce qu’il faisait à l’extérieur du palais. Il me parla de la tribbu du Sable quand je lui fis part de ma santé en lente détérioration et, contrairement à mes appréhensions, il avait réagi avec compréhension. Il me conseilla, tout comme maman, de le rejoindre auprès de personnes de confiance, qui attendaient autant que moi que quelqu’un vînt combler leurs lacunes quelconques. Mes capacités intellectuelles y trouveraient certainement leur utilité.

Cependant, malgré l’étrange soulagement que je tirais du fait d’être encouragé par mon père, se mêla de la méfiance lorsque j’appris qu’il avait proposé à Sherkan de devenir son futur maître. Je m’étais contenté de lui sourire, pensant qu’il s’agissait tout simplement d’un rêve d’enfant qui, une fois la difficulté de l’extérieur rencontrée, s’évaporerait aussitôt.

Quelques semaines après sa venue inattendue, papa m’annonça que j’aurais un cadet du même sang que le mien. Certes, la nouvelle m’avait procuré de la joie, mais je n’étais pas tant enjoué. J’avais de la place dans mon cœur et mes bras pour une nouvelle tête ; ce qu’il me manquait était l’envie de la céder. Je préférais amplement m’occuper de Sherkan, à qui j’avais déjà énormément consacré mon temps et ma sueur.

Alors les mois qui s’écoulèrent suite à cette annonce ressemblèrent aux précédents, à l’unique différence qu’était la présence de mon père, qui fréquentait de toute façon davantage son futur élève que moi-même. Cela me faisait plaisir, dans un sens : Sherkan n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer son géniteur. Lui offrir le mien, si cela l’animait tant, était un bien faible sacrifice.

La mort de mon cadet à sa naissance avait été une sorte de déclic. Quand papa nous avait quittés, je voyais dans son regard une place à mes côtés, qui à jamais serait vide. Son départ nous avait replongés dans notre routine. Maman, en s’occupant de nous, semblait facilement sauter cette étape difficile qu’était de perdre son enfant. Huit ans plus tard, alors que ce fût à mon tour de partir, son chagrin naissant voyait s’en aller seize ans de dur-labeur. Elle m’avoua, Sherkan dans ses bras, que me faire ses adieux était plus douloureux qu’accepter la mort d’un enfant qu’elle n’avait que très peu connu.

« Mais vole, mon enfant, mon oisillon, ma perle. Maman te sait vivant, ne te soucie pas d’elle. Elle prendra grand soin de ton frère. »

Je quittai le palais. Je fis mes adieux à mon enfance. En rejoignant la tribu du Sable, en compagnie de quelques autres vaillants jeunes hommes, je ravivai cette lueur chagrinée dans les yeux verts de papa. Mais après tant d’années, il ne s’agissait plus que d’une douleur étouffée qu’il restait encore à enterrer d’une manière ou d’une autre, et je n’étais certainement pas le cercueil adéquat aux rêves qu’il partageait avec cet enfant défunt. Il ne fit toutefois aucune remarque pouvant apporter le sujet de sa mort. Son accueil fut chaleureux malgré sa silencieuse tristesse, autant que son sourire fut sincère malgré son manque de vie.

Il me fit part de ses longues réflexions à mon sujet, m’expliquant que je devais profiter de ma fraîcheur au sein de la tribu, ainsi que de ma santé encore supportable, pour voyager et m’instruire davantage, puisqu’il s’agissait du seul intérêt que je pusse apporter. Les autres tribus ne connaissaient pas encore ma tête ; avec quelques petites fourberies, il m’était encore simple de traverser Badiya en étant certain de pouvoir revenir sain et sauf. L’occasion tant attendue et tant improbable de m’évader des dunes de l’Est se présentait.

Je m’engageai alors pour de longues semaines de route afin d’atteindre Assima, dont la bibliothèque avait été évoquée dans les recommandations de papa, en rejoignant dans un premier temps Madina, d’où je pouvais me mêler à quelques marchands et intrépides curieux qui entreprendraient le même voyage. Ce furent des jours éprouvants, que mon corps risquait parfois d’éteindre. Lorsque le rythme de mes accompagnateurs me paraissait trop rapide, je remplaçais ma fatigue physique par mes ambitions. J’imaginais tout ce que j’y lirais et apprendrais, tout ce que j’y ferais pour que le temps parût moins lent quand je penserais à mon frère. Ainsi, je retrouvais des forces.

La ville m’accueillit les bras ouverts et fouler le seuil de la Grande Bibliothèque fut une récompense plus que suffisante après de tels efforts.

Ma passion pour la lecture eut tôt fait d’attirer l’attention de mon cher Mehralan, bibliothécaire et érudit à l’époque déjà courbé et revêtu de profondes rides. Le temps ne l’aurait guère embelli aujourd’hui s’il ne lui avait pas arraché la vie. Mais s’il y avait une chose inchangeable qui le caractérisait, c’était la lueur de sage gaieté qui faisait perler ses petits yeux bleus quand, sous la faible luminescence d’une bougie, il sacrifiait son sommeil afin de déchiffrer le code des anciens temps à travers les reliques et rapports qu’on lui apportait. Apprendre à ses côtés, en compagnie d’autres bibliothécaires et érudits, clients réguliers que ma curiosité rendait avides de partage, avait écrit les années les plus calmes de mon vécu, durant lesquelles seule l’envie de revoir mon frère me perturbait.

Quatre années passèrent. Je m’étais habitué au rythme vivant de la bibliothèque en journée, aux demandes de renseignement allantes et venantes de diverses têtes, aux heures interminables de lecture et de découvertes, souvent de recherche auprès de Mehralan, et aux caprices de mon corps, devenus facilement gérables grâce à mon nouveau style de vie. La nuit, je satisfaisais mon esprit bouillant en feuilletant les carnets de recherche de mon maître et les bouquins relatant de l’apothicairerie, afin de me spécialiser et me préparer pour mon retour au camp, jusqu’à ce que mon corps fût suffisamment épuisé pour s’endormir.

Ces quatre années s’achevèrent sur une crise inattendue, à côté de laquelle celle qui datait d’une quinzaine d’années paraissait bégnine ; une fatigue grandissante avait fini par m’empêcher de me mouvoir, ma teinte s’était légèrement jaunie, le souffle me manquait à tel point que chaque inspiration m’étranglait, et je vomissais incessamment jusqu’aux premières lueurs du lendemain. Mes maux de tête n’avaient jamais été si résonnants, mes pensées n’avaient jamais été aussi pénibles. C’était un signe non-négligeable que ma santé se détériorait encore. Mehralan, et ce ne fut pas sans tristesse, me confia ce que je savais déjà en refusant de l’admettre : il était temps de rejoindre les miens, de revenir auprès de ceux qui sauraient veiller sur moi.

Une fois sur pieds, je leur fis mes adieux et m’incrustai dans un petit groupe de voyageurs en direction de Madina. J’y rencontrai hasardement un compagnon de la tribu du Sable, ami de papa, qui accepta de traverser le désert avec moi afin de rejoindre les nôtres. Nous arrivâmes alors que le soleil était à son zénith et je fus fier d’affirmer auprès du chef que cette longue absence m’avait offert des connaissances utiles. Mais sous cette fierté résidait le remord d’avoir quitté mon petit havre de paix.

Furent alors mutuellement promis honneur et loyauté, ainsi que le rejet suite à toute forme de trahison.

Un nouveau rythme de vie s’installa en tant qu’apprenti apothicaire ; si je détenais les connaissances, il me restait encore à trouver la pratique. Si les voyages entre Kadim ou Madina se multipliaient dans le but de faire régulièrement l’inventaire, je n’étais plus seul ; tous semblaient un tant soit peu tolérants. Et au fur et à mesure que mes compétences se confirmaient, je gagnais du respect. J’apprenais vite, j’apprenais bien, je devenais fortement efficace et ma santé ne m’empêchait pas d’assurer le bien-être des autres avec convictions.

Quelques semaines suite à mon retour survint la sortie de Sherkan. Comme convenu, il nous attendait, papa et moi, à Kadim. En allant le retrouver, j’espérais que la raison initiale de ce point de rendez-vous, qui était de débuter ses entraînements en tant que gladiateur, s’était altérée. Mais il n’en fut rien.

Je me contentais au départ de la joie de nos retrouvailles et de l’observation de leurs entraînements quand me venait l’occasion de me rendre à Kadim. Je prenais soin de lui dès que je le pouvais, lui brossant les cheveux, lui proposant à manger, lui racontant mes périples anodins. Retrouver mon petit-frère, celui qui fut ma lumière au sein du palais, puis mon seul abri sous les rayons brûlants de l’extérieur, m’avait lentement fait oublier ma nostalgie quand je parlais de mes jours et nuits auprès de Merhalan.

De mon côté, j’avais atteint au bout de quelques mois le titre officiel d’apothicaire de la tribu du Sable et pris l’habitude d’aller et venir en compagnie de quelques camarades de la tribu, le plus souvent sous la demande du guérisseur. Je profitais de nos réapprovisionnements pour nourrir ma curiosité et rendre visite à Sherkan. Ma vie se divisait entre la tribu, qui je considérais comme ma famille d’honneur, et mon frère. Bien que ce ne fût pas l’idéal de mes rêves, cela me convenait.

Ou, tout du moins, pour une certaine durée. Les tensions grimpantes entre les tribus nous obligèrent à doubler nos précautions lorsqu’on se déplaçait. Il nous fallait par moment progresser dans la nuit ou reprendre avant l’aube, et ce fut en peinant à prévoir ce genre d’initiatives que je compris que ma maladie, si nous pouvons l’appeler comme tel, était liée à la baisse de chaleur ; la nuit m’a toujours été plus dure à vivre que le jour. J’en supportais de moins en moins les voyages, au point de renoncer à mes allées à Madina.

Sherkan conserva, voire consolida son désir de devenir gladiateur. Inconsciemment, pensais-je. Je continuais à croire qu’il ne s’agissait que d’un rêve temporaire, à espérer qu’il n’irait pas jusqu’aux risques que poser un pied sur l’arène implique. Il fonçait tête baissée vers l’excellence comme si les dangers de la mort ne représentaient rien, pendant que papa noyait en lui l’absence d’un fils avec qui tout partager.

Le premier combat de Sherkan fut le déclencheur de discordes avec papa et de tensions avec mon frère. L’idée de voir un jour papa revenir bredouille, pour m’annoncer que son disciple avait perdu la vie plutôt que de simplement perdre le combat, me terrifiait. Le fait de voir que papa se servait de Sherkan pour remplacer un être qu’il ne pouvait pas être, et ainsi fuir son insatisfaction, me dégoûtait. Et le rêve de retrouver la Grande Bibliothèque dans le savoir que la vie de mon frère ne dépendait plus que de lui-même me revenait.

Puis la première mise à mort effectuée par Sherkan fut le bâillon de nos orages. Comme une claque, qui nous rappelait par-dessus tout que sa vie était toute aussi en danger que celle qu’il venait d’ôter. Et plutôt que de laisser cette possibilité nous faire regretter un jour nos disputes, il me fallait accepter son choix, le laisser battre de ses propres ailes et profiter de sa présence.

Et… et, quatre ans passèrent ainsi avant que ne vînt l’évènement qui marqua la fin de cette vie de tribu que je me suis forcé à construire. J’appréhendais cette partie. Je trouve difficile de me défaire des émotions qui y sont liés afin d’en parler avec assurance.

J’étais sur la route pour Kadim, en compagnie de papa et de deux camarades de la tribu que le voyage avait intéressés. Au moment de nous accorder une pause, nous avions aperçu une légère irrégularité sur l’horizon du Sud-Ouest. Il ne s’agissait peut-être que d’un convoi, mais étant donné que nous ne pouvions pas déterminer leur direction, nous préférâmes continuer sur quelques kilomètres encore et profiter de l’obscurité afin de gagner en discrétion.

Négliger mon état ne fut pas un choix. Et c’était malheureusement une nuit où je me sentais particulièrement mal. J’en avertis tout de même mes accompagnateurs. Aussi loin du camp, c’était le mieux qui pût être fait.

Au bout de plusieurs minutes, je m’effondrai. Je perdis toute connexion avec mon corps. On me secoua sans que je ne pusse bouger. On m’appelait sans que je ne pusse répondre. Et, quand j’entendis papa crier : « Il faut continuer, on prendrait trop de risques à ralentir ! Aller ! On y va ! », je me mis à attendre qu’on me soulevât. Et j’attendis éternellement.

C’est étrange comme malgré les années passées depuis, cette rancœur inacceptable me tiraille encore l’esprit. Je n’ai jamais su comment je réagirais en revoyant papa, ou ne serait-ce quoi en penser. S’il s’agissait d’un abandon. D’un sacrifice. Ou des deux. Et je serais réellement mort, si le convoi dont on se méfiait au départ ne m’avait pas atteint et ramassé.

Je ne retrouvai un semblant de conscience que quelques jours plus tard. A mon chevet se trouvait un jeune homme, qui ne tarda pas à m’expliquer ce qu’il s’était passé. Il s’agissait en réalité d’un groupe de futurs spectateurs des arènes de Kadim, venus de Madina, dont l’un était un apothicaire, Maek, que j’avais rencontré deux ou trois fois lors de mes voyages vers la ville du Sud. Ils avaient escorté mon corps inactif jusqu’à la ville où résidait mon frère et Maek avait pris le temps de m’examiner. Il avait décrété que j’étais bien en vie et s’était assuré que je pusse me reposer quelque part avant d’assister à quelques combats, puis de partir.

Je me souviens m’être dit : « Un nom que je ne prononce qu’à l’occasion est porté par mon sauveur. Improbable. Miracle. Je dois être mort. »

Pendant que je me figeais dans mes réflexions, perplexe, le jeune homme me parlait encore. Ses paroles ne m’intéressèrent qu’à l’évocation d’un combat à l’œuvre que Maek aurait aimé voir, opposant un mur de muscles à un gladiateur qui ne cessait de gagner en notoriété. Un gladiateur, connu pour sa longue chevelure de feu, son épée et son bouclier. Mon frère. A cet instant, peu m’importait de savoir si j’étais en vie. Peu m’importait de comprendre ce qu’il m’était arrivé. Je m’étais levé sans-même m’en rendre compte, pour m’élancer vers l’arène en tenue légère et me faufiler entre les spectateurs jusqu’au premier rang. Car à cet instant précis, j’avais réalisé que je venais tout juste de risquer de le perdre, de l’abandonner comme papa venait de le faire.

Il me vit. Et cela faillit lui coûter la vie, à lui aussi. Depuis ce jour, Sherkan et moi partageons les mêmes mots. Nous avons la même promesse. Il m’avait crié la sienne en s’agrippant à ma chemise de ses petites mains, alors que ma lumière intérieure menaçait de s’éteindre, de s’abandonner aux ombres du palais. Je lui soufflai la mienne alors qu’à mon tour, je m’agrippais à ses bras, serré contre sa silhouette beaucoup plus imposante que la mienne et écrasant sa blessure, aujourd’hui cicatrice et trophée de sa défaite au combat.

« Ne me laisse pas. »

Je ne voulais pas retrouver la tribu, et encore moins revoir papa. Par blessure, et non par lâcheté. Au fond de moi, je me dois de l’avouer, je ressens encore aujourd’hui le fait de m’avoir laissé pour mort comme une sorte de trahison. Et, quelque part, peut-être est-ce signe de faiblesse, j’ai tout bonnement l’impression que malgré toute la loyauté dont j’ai fait preuve à leur égard, il ne serait pas impossible qu’on m’abandonne une seconde fois. En même temps, je perçois paradoxalement leurs raisons, je les comprends, et je me demande si je n’aurais pas fait de même à leur place. Ce sont ces sentiments qui m’avaient donné le besoin de prendre du recul.

Sherkan et moi quittâmes l’Est pour construire une nouvelle vie. Nous avons tous-deux pris conscience de que ce nos vies représentent et de ce que notre lien peut protéger.

A notre arrivée, j’appris que Merhalan avait rendu son dernier souffle quelques mois auparavant. Cela fait sept ans que j’y suis pour lui, et c’est un honneur pour moi d’avoir pris sa place au sein de la Grande Bibliothèque. J’espère être digne de tout enseignement jusqu’alors.

Sherkan, de son côté, joue l’aventurier quelque part à Badiya. Il revient après des semaines, parfois des mois de vadrouille, avec du sable dans les cheveux et de la joie dans le sourire. Et je l’accueille à chaque fois avec autant d’appréhension que de bonheur, avec autant d’amour que de peur. Revoyant, malgré la remarquable différence de centimètres et de stature, le petit-frère que j’ai un jour failli perdre et qui, jusqu’à maintenant, donne un sens à tout ce que j’ai pu accomplir.

Et le jour où la mort me rendra à nouveau vacant et insipide, je serai comme une coquille qui a un jour abrité quelque chose, comme une page trop pleine qui n’attend plus qu’on la lise, dont les histoires ont été picorées un peu partout tout en partageant le même mot qu’est la Vie.

J’ai trouvé les miennes dans la souffrance et le bonheur. Dans le silence partagé de deux frères complices et la collision entre l’infini et le vide qu’est notre monde à tous les deux.

Et les seuls moments où je retrouve ce sentiment de liberté sommeillent au-delà du monde sensible, dans un royaume méconnu de pensées qui m’appellent quand, lessivé, je regagne mes appartements et le calme de la solitude.  

LE JOUEUR


Pseudo : Doudouille. ~
Âge : Dix-huit ans !
Comment avez-vous connu le forum : Par Sherkan. ♥️
Votre présence sur le forum : Plutôt forte comme c'est les vacances. Il faudra cependant s'attendre à ce qu'elle s'amenuise énormément quand les cours reprendront.
Êtes-vous un DC : Nope. ~
Un Commentaire : Je l'ai déjà dit, mais j'aime vraiment beaucoup le contexte.
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Anonymous





Invité
Invité
Ven 22 Juin 2018 - 16:04
Vous êtes quarante à venir là, c'est ça ? Si j'ai bien tout compris !
Bienvenue à toi ! cheers
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Hariyan

Feuille de personnage
Appartenance: Neutre - Mercenaire
Origine: Palais de l'Ouest
Âge: 34 ans





Hariyan
Dénicheur de trésors
Ven 22 Juin 2018 - 16:08
C'est Lehun Baba et ses 40 Rpeurs =p

Re-Bienvenu par ici Wink
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Zadiste

Feuille de personnage
Appartenance: Tribu du Sable.
Origine: Palais de l'Est.
Âge: 33 ans.





Zadiste
Chef de la tribu du Sable
Ven 22 Juin 2018 - 21:44
(Re)Bienvenue sur Badiya !
Bon courage pour ta fichounette ! : )
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Moukharam

Feuille de personnage
Appartenance: Tribu du Vent, gourou de la Secte de Maha'Tab
Origine: Palais de l'Ouest
Âge: 27





Moukharam
Serpent hédoniste
Ven 22 Juin 2018 - 22:11
Rebienvenue Smile
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Anonymous





Invité
Invité
Dim 24 Juin 2018 - 11:00
Re-bienvenue!

Bonne continuation pour ta fiche Smile
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Anonymous





Invité
Invité
Ven 13 Juil 2018 - 13:00
Bweh. ♥️

Merci pour cet accueil, et merci à l'administration de m'avoir accordé autant de temps pour finir ma fiche. Je viens annoncer qu'elle (enfin) est achevée. :3
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Le Djinn





Le Djinn
Maître du Jeu
Lun 16 Juil 2018 - 14:49



FICHE VALIDÉE


Bienvenue parmi nous et félicitations !
Votre fiche vient d'être validée !

Bien la venue ! Ouais, je tente des trucs...
Bienvenue donc, et bon jeu !


Nous vous souhaitons un bon jeu parmi nous et nous vous conseillons d'aller consulter les liens ci-dessous :

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