Prénom : JaafarFils de : BahiaÂge : 33 ansAppartenance : Clan de l’EauMétier/Occupation : Changeant selon les besoin du clan, mais principalement veilleurPhysiquement ?Si vous errez dans le désert et vous y perdez, peut-être mourrez vous de soif ou vous blottirez-vous dans un coin en attendant que cela arrive. Mais si vous êtes un brave, ou tout simplement trop ivre de vie et de liberté pour vous permettre de retourner chez votre ancien maître.. Alors vous méritez assez de respect pour qu’on passe au tutoiement. Sérieusement, du « vous », « vous », « vous » à toutes les sauces, ça va bien cinq minutes. Au gré de ton errance, tu vas voir mille et un mirages. La nuit, le calme glaciale t’enveloppe, et le silence en devient presque étouffant. Pas de lumière, pas de vie. Rien. Mais alors que tu t’écroules face contre terre, maudissant ce corps qui te trahit lâchement, il est possible qu’une brève lueur attire ton attention. Qu'est-ce donc que cela ?
Tu la vois osciller, trop haute pour un feu follet mais se déplaçant malgré tout vers toi. Soudain, elle s’éteint et tu ne vois plus rien. Misère, tu te rends compte qu’à force de l’avoir suivi du regard, tu en a oublié les réflexes de survie. Ceux qui te protègent, comme toujours surveiller tes arrières. Nerveux, tu scrutes le paysage autour de toi tout en frissonnant violemment. Les nuits sont fraîches, dans les déserts.
-Qui es-tu, pour oser t’aventurer ici ? Marchand ou Esclave ? Neutre, ou asservi ?
AH LA FROUSSE ! T’as fait un bon, mon pauvre, et c’est tout juste si tu n’as pas crié. D’un coup, une voix caverneuse s’est élevée à côté de toi alors que la drôle de lueur –une lanterne en vérité- vient de se rallumer tout près de ton visage et éclaire soudain un crâne aux yeux d’un bleu intense. Après quelques secondes de frayeur pendant lesquelles ton vis-à-vis attend patiemment, tu te rends compte qu’il s’agit en fait d’une personne. Une grande personne : il doit bien faire autour du mètre quatre vingt dix, voir un peu plus. Emmitouflé dans une immenses cape noire dont le capuchon lui retombe un peu sur le visage et lui donne un côté mystérieux, il a en vérité la peau sombre. Difficile d’en voir la teinte exacte avec le manque de lumière, mais tu comprends après coup que ledit crâne est en fait du maquillage soigneusement appliqué pour en imprimer la forme sur le visage. Bodel, comment ce type a-t-il fait pour se déplacer sans utiliser sa lanterne ? Et aussi silencieusement ?
-J’ai une tête de marchand ? Je.. J’ai fui.
-.. Ah, c’est tout. Venez vous réchauffer, il y a un abri pas loin.
La voix d’outre tombe qui t’avait fait si peur a disparu au profit d’une autre plus habituelle, quoique légèrement éraillée peut être. Un timbre grave et apaisant en tout cas, bien plus naturel. Et moins théâtral, aussi. Paisiblement, il sort une bande de tissu et en recouvre tes yeux. Question de discrétion, qu’il dit, pour pas que tu vois la route. Puis il te fait tourner rapidement sur toi-même avant de te choper par le bras et de te guider fermement. En chemin, pendant que ton hôte t’explique qu’il est obligé de faire attention à cause des mauvaises rencontres que l’on peut faire dans le coin, tu écoute les inflexions chaudes de sa voix. Elle est posée, trop peut être, et son timbre grave t’apaise alors qu’il s’exprime. C’est toi qui lui a demandé de parler, pour ne plus entendre ce silence effarant –et tâcher d’en apprendre plus, sans succès. Lorsqu’enfin vous arrivez et que tes yeux sont libérés, tu observes l’endroit sans pouvoir déterminer où vous êtes. Un village, mais quoi d’autre ? Retournant ton attention vers ton hôte, tu l’observe plus attentivement. L’homme ne manque pas de prestance, à sa façon, bien qu’il soit assez intimidant. Au moins par sa taille et son maquillage macabre. Il semble en revanche bien plus civilisé que tu ne l’aurais cru et marche d’un pas vif, te guidant sereinement à travers la ville apparemment déserte qu'il semble connaître comme sa poche pour t’amener à une case.
Tout de suite, il te conseille de te mettre à l’aise et appelle le médecin qui t’ausculte. L’inconnu, lui il enlève sa cape sombre et va préparer du thé. Bizarrement, ses habits ne sont pas du tout ce à quoi tu t’attendais. Tu imaginais quelque chose de sombre, d’abimé, peut être même d’élimé pour s’assortir à cette cape déchirée par endroits et qui en devient intimidante. Mais non, du tout. Des bottes hautes en cuir solide, dans lequel est rangé un pantalon marron en toile, un peu large mais tout aussi solide. En haut, une tunique du même genre que la cape, mais qu’il ôte aussitôt pour laisser apparaître un débardeur. Voyant ton regard qu’il croit porté sur le tissu en lui même, il explique avec un haussement d’épaules qu’il l’a trouvé sur un corps, dans le désert. Ah. Cool, c’est engageant.
L’homme est maigre, finement musclé, et la silhouette est anguleuse. Il a du charisme, sinon du charme. La peau est bien mate, comme tu l’avais deviné, mais non pas comme on a l’habitude d’en voir : celle-ci est d’un ébène pâle, légèrement grisé. C’est original, mais pas déplaisant lorsqu’on s’y fait. Tu peux, maintenant qu’il y a davantage de lumière, détailler un peu plus l’apparence de cet homme. Un visage aussi anguleux que le corps, animé par ce regard perçant que tu as déjà remarqué plus tôt. Le tatouage de crâne que tu as pu voir ressort d’autant plus, et tu remarques que sur sa gorge et son buste, le même genre de squelette stylisé est dessiné au maquillage blanc. Sur sa peau sombre, le contraste est original. Mais pas déplaisant si on aime ce genre d’ornement macabre.
En parlant d’ornement, c’est à la lumière et une fois le capuchon disparu que tu remarques de nombreux piercings. Un tout en haut de l’arête du nez, un à chaque commissure des lèvres.. Et Lorsqu’il parle, tu en aperçois trois à la langue. Pour clore ce listing de ses goûts en matière de bijoux, chacune de ses oreilles est ornée d’un écarteur –ils font 34 mm précisément. Sans parler d'autres piercings situés au même endroit, vers le cartilages et à divers autres lieux de l'organe auditif..
Bref, une apparence qui sort du lot, a priori.
Psychologiquement ?Que dire de cet homme ? Qu’il est intimidant, c’est déjà fait, oui. Pourtant, quand il ne s’amuse pas à apparaître de façon inattendue –et flippante, tu dois bien l’admettre- c’est une personne tranquille et d’agréable compagnie. Très courtois, bien qu’un peu railleur parfois, c’est tout naturellement qu’il a abandonné les effets de mise en scène pour te conduire au chaud lorsqu’il est apparu évident que tu n’étais pas un trouble fête. Tant que tu ne menaces pas le clan, tout va bien. A présent, il te regarde avec une tranquille indifférence, sans ciller.
Il sourit peu, notre homme. Courtoisement, avec intérêt, le voilà qui te pose des questions sur l’extérieur, ta vie, les raisons de ton errance. Des biscuits apparaissent avec un thé chaud, pour faire partir cette désagréable humidité qui te colle depuis ton escapade dehors. Parfois, un léger sourire fait surface, mais est-ce un jeu de lumière ou bien.. ? C’est qu’il a l’air un peu méfiant, notre homme. Timoré, en tout cas. Et seul, très seul. Pas physiquement, puisqu’il fait parti d’un groupe, mais bien dans sa tête. Ceci dit, Comment en être sûr ? D’autant qu’avec son masque, il n’y a pas grand monde ose l’approcher hormis ceux de sa tribu, et on s’en fait tout de suite une image ignoble. Et c’est vrai que pour le travail, il est forcé d’incarner ce que les gens imaginent qu’il est. Un être froid et sans cœur, à la voix caverneuse et d’une aura noire et terrifiante. Un tueur.
Celui que tu as face à toi est posé et décontracté. Un peu sur sa réserve, mais c’est compréhensible. Vous vous connaissez depuis combien de temps..? Une demi-heure, trois quarts d’heure à tout casser ? Si tu persévères, et que tu vas le voir régulièrement, cet individu finira par s’ouvrir, peut-être. C’est un peu comme un animal sauvage, au fond, qu’il faut apprivoiser. Être délicat au début, ne pas l’effrayer pour éviter qu’il ne devienne agressif, et l’habituer à sa présence. Et peu à peu, créer ce lien qu’au fond il demande sans savoir comment faire.
Bien que mal à l’aise avec les gens en dehors des rapports professionnels, c’est une personne curieuse qui regrette un peu d’être recluse dans son passé. Pourtant, il est incapable de s’en détacher totalement, tenaillé entre ses démons et le présent. Ayant appris grâce à la tribu, il a appris l’amitié, la solidarité. L’envie de protéger, aussi, qu’il ressent tout particulièrement envers certaines personnes. Pourtant, il a conscience qu’il le ressent moins que les autres. Bien peu le comprennent, ou même voient qu’il a un pied dans le passé, et l’autre dans le présent, sans pouvoir décider où il veut finalement aller. Différent dans son rapport à la Mort, fatalement, il a du mal à comprendre parfois la peur irrationnelle que certains ressentent à ce sujet. Autour d’une bougie et d’un repas improvisé (et fort bon au demeurant), vous débattez de sujet divers. Un autre aura pris le relai à son poste, et lui en profite pour te sonder. L’inconnu s’avère être un hôte agréable, qui aime argumenter. Il est à l’écoute et semble plutôt posé, comme homme. Ce que tu ne sais pas encore, c’est que ce détachement vient du fait qu’il n’y a aucun enjeu affectif dans l’histoire. Ce qu’il ne connait pas ne l’atteint pas. S’il devait se sentir concerné par toutes les âmes qu’il rencontre pour son travail où à travers sa route, cela fait longtemps qu’il aurait entamé une très sévère dépression. Chacun a son lot de misère, il ne peut pas porter celle de tout le monde. Pour se protéger, donc, il garde de la distance.
Mais avec le rapprochement, amical ou autre, viennent les émotions. Il n’en est pas usuel, ne sait pas très bien les gérer ni comment réagir face à elles. Volontiers jaloux par peur d’un abandon (et d’une rechute dans sa solitude), son caractère peut se révéler être violemment protecteur. Si d’ordinaire il semble être paisible, prenez garde à l’eau qui dort. Possessif et territorial, mieux ne vaut pas toucher à ses affaires s’il n’a pas invité à le faire.. Et mieux vaut également ne pas attaquer son entourage d’une façon ou d’une autre, ce serait en faire un ennemi irrémédiable et tenace. Pour lui, ce serait comme une agression de son espace privé. Et comme c’est tout ce qui lui reste.. Mais cette facette assez sombre est équilibrée par un cœur loyal et serviable pour qui a su se l’attacher. Ayant eu peu d’amis jusqu’à sa situation actuelle, il peut se mettre en quatre pour eux par plaisir d’avoir quelqu’un à gâter, mais sans s’afficher. Le faire dans les coulisses, en toute discrétion, voilà qui lui ressemble plus. Avec le temps, sa réserve naturelle s’amoindrira pour laisser voir un caractère affectueux et espiègle mais tout en retenu, un peu railleur toujours, mais au sourire plus facile. Plutôt que de grand éclats de rire, quoi qu’il en soit presque capable aussi à ses heures, ce seront davantage des ricanements ou des rires à voix basse qu’il risque d’avoir. Son humour parfois sombre risque de déstabiliser, mais avec le temps on s’y fait.
Toutefois, il y aura toujours ce petit risque de dérapage, si par un trait d’humour il se sent blessé ou insulté. S’il est tout à fait conscient d’être un individu efficace et compétent dans ce qu’il entreprend, c’est une personne très lucide qui sait également ne pas être coutumier du relationnel. En conséquence, son manque de confiance se traduit par une susceptibilité douloureuse. S’il peut s’emporter en étant touché au vif (ou même soupçonneux de façon injustifiée), alors mieux vaut faire attention le temps que dure sa colère. Le plus simple est de s’expliquer lorsqu’il est un peu calmé, et de le rassurer. Encore faut-il trouver la bonne méthode.. Et savoir quand il est touché. Il ne crie pas dans tous les sens, mais se referme comme une huître. Le plus dur sera alors de l’atteindre car il se coupera de ses sentiments comme on s’amputerait d’un bras. S’il réalise son erreur, alors il sera penaud et présentera des excuses en ravalant sa fierté. Il a trop peu d’amis pour se permettre de faire le capricieux. L’homme n’est pas gêné par le milieu morbide qu’il a beaucoup côtoyé, mais a comme tout le monde besoin d’un entourage. C’est donc avec plaisir qu’il voit de nouvelles têtes arriver dans son quotidien teinté de fantômes.
Ah, parlons-en du macabre. Tu as déjà pu le voir, notre homme baigne dedans. Ne fut-ce que par ses tatouages, qu’il refait tous les matins, en hommage à ceux qu’il a tué, aux morts qu’il a côtoyé. Comment s’en étonner, lorsque l’on connait ses professions passées ? Accoutumé à la présence de morts autour de lui, c’est désormais aussi naturel à ses yeux que de respirer ou de manger. C’est sans doute pour cela qu’il n’est absolument pas gêné par le contacte avec les corps, ou par l’odeur d’un cadavre.. Mais quelque soit la personne, il reste un grand tendre un peu maladroit.
Il faut simplement oser aller vers lui, et prendre le temps d’essayer de le connaître.
Son histoire :La soirée avance, et tu ne connais toujours pas l'identité de ton hôte. Oh, tu t'es toi même présenté pourtant, et il avait courtoisement hoché la tête.. Mais n'avait pas révélé sa propre identité pour autant, et tu n'avais pas osé la lui demander directement. Bien que la soirée soit ne soit pas désagréable, tu es de plus en plus intrigué par cet homme. Finalement, tu prends ton courage à deux mains et décide de te lancer.
-Pardonnez mon indiscrétion mais.. Je ne connais toujours pas votre nom. Puis-je savoir qui je dois remercier pour m’avoir mené ici ?
-Ah. Est-ce vraiment important ? Mais je suppose que c'est naturel..
Il semble lassé de la tournure des choses, mais tu es secrètement soulagé qu'il ne se soit pas mis en colère. De son côté, c’est surtout se présenter à quelqu’un dont il ne sait s’il peut s’y fier ou non qui le fatigue à l’avance. Mais comme il le souligne lui même, tu es en droit de te demander à qui tu as affaire. Avec un soupir, il détourne son regard neutre vers la porte et effleure distraitement le maquillage au niveau de la gorge avant de répondre.
-Je suis Jaafar. Ce nom ne vous dira rien, à quoi bon le demander ?
-Ah ! Euh.. Oui, je.. C’est une façon de voir les choses.
Jaafar. Ce nom te dit quelque chose, sans que tu puisses remettre le doigt dessus. Voyons voyons, où as-tu entendu ça ? Ca remonte à loin, et tu peine à enlever la couche de poussière qu’il y a dans cette sonorité. Finalement, c’est en scrutant pensivement ses « tatouages » blancs que tu te rappelles. Et justement grâce à eux, d’ailleurs.
-Euh.. Vous n’auriez pas été esclave par hasard ? je veux dire.. A combattre dans l’Arène ?
-Rare sont ceux qui ne l’ont jamais été, par les temps qui courent. Mais c’est vrai. Et maintenant, est-ce que ça vous rend plus heureux de le savoir ?
Oh. Mon. Dieu. Bien que tu tâches de garder contenance, ton hôte ne s'y trompe pas. Il a tourné la tête et te fixe à présent de son regard pénétrant, ne montant aucune expression. Impossible de savoir à quoi il pense, tu trouves ça flippant. Avec un sourire gêné, tu lui rends son regard en déglutissant. Jaafar. Tu l’avais vu en arène, il y a des années. Il faisait sensation à cause de ses tatouages et de sa façon de faire. Ce type ne montrait aucune émotion, ni haine, ni douleur. Il se contentait d’agir, sans un bruit, sans un mot. Une autre chose te revient en tête, au fil de tes réflexions. Ce type, c’est pas lui que tu avais vu en fossoyeur ? C’était de loin, mais.. Tu as un doute.
-Je suppose qu'à présent, vous avez moins envie de bavarder tranquillement, si j’en crois votre mine décomposée ? .. Je ne suis pas un geôlier, vous pourrez partir si vous le désirez une fois rétabli.
Le ton ferme mais indifférent de sa voix t'arrête en pleine réflexion. Surpris par ces mots auxquels tu ne t'attendais pas et surtout par le sentiment que tu y décèles, tu restes figé et l'observe. Comment a-t-il deviné ? Peut-il lire dans ton esprit ? Non, du tout. Mais il est trop observateur pour se laisser duper. Il ne faut pas oublier que Jaafar a déjà un peu vécu. Malgré son indifférence, ou peut-être grâce à elle, c’est un homme qui observe autrui de son point de vu extérieur. Alors tu hésites. C'est vrai que pour le moment, il ne t'a rien fait. Au contraire.. Après un moment de réflexion, tu prends une grande inspiration et redresse le regard. Les autres tournent peut-être leurs vestes, mais tu n'es pas les autres.
-J'ai encore du temps devant moi, puisque je suis cloué au lit. Je peux donc discuter encore un peu si vous le permettez. J'avoue avoir été surpris lorsque vous vous êtes présenté mais.. Je suis également très curieux. Pourriez-vous me parler de vous ? De votre vie ?
-Parler de moi ? Etrange requête.. Mais soit, si tel est votre souhait.
La surprise qu'il affiche presque à son tour lorsque tu fais ta demande te fait sourire. Et puis, c'est vrai que tu es curieux d'en savoir plus. Depuis le début de soirée où vous vous êtes rencontrés, tu ne sais rien de lui si ce n'est qu'il se nomme Jaafar et est un ex gladiateur. C'est maigre, surtout si on considère que lui en revanche connait bien des détails de ta vie en te faisant parler. Confortablement installé, tu le vois qui cherche ses mots, pris au dépourvu. Tu te sens comme lorsque, enfant, tu écoutais tes parents raconter l'histoire du soir. Et même à présent que tu es adulte, ça n'est pas désagréable. Après un moment, sa voix grave s’élève et brise le silence.
-Je suis né.. Non, ça ne va pas. J’ai commencé à exister au Palais de l’Est. Ma mère est morte en couche. On s’est vite empressé de me faire comprendre que c’était de m faute, mais au fond je m’en moque. Comme de pas mal de choses. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu une relation ou une autre avec la Mort. Ca doit être les conditions de ma naissance. Pas de souvenirs d'enfance, ou de famille.. Au fond, je pourrais être un ancien macchabé qu'on a fait revivre pour combattre que ça ne m'étonnerait pas. J’ai appris à apprivoiser les défunts, ils me suivent à présent.
Il marque un temps et tu sens son regard glisser vers toi d’un air songeur. A quoi peut-il penser ? Tu n’en sais rien. Mais étrangement tu ressens moins cette peur panique qui t’avais ébranlé un peu plus tôt. Pensif, Jaafar vous ressert une tasse à tous deux et ramène la sienne vers lui. Il boit une gorgée, puis reprend son récit.
-Il faut savoir qu’à l’origine, j’étais un faux teigneux. On m’a appris à me battre, alors j’ai appliqué ce savoir. J’ai tout retenu. Pour qu’on me foute la paix. Les autres sont étranges, à avoir des scrupules, ou au contraire y voir un moyen d’écraser ceux d’en face. Ou alors, c’est peut-être moi qui suis étrange, je ne sais pas. Et je m’en moque, je crois. Vous voulez savoir ma vie ? Très bien. Alors écoutez. Je ne suis arrivé ici il y a une dizaine d’années environ. Avant, j’étais, comme vous l’avez si justement rappelé, esclave. Mais je n’ai pas commencé comme ça. Après être sorti du palais, je me suis fait mercenaire. N m’avait appris à me battre, ne restait plus qu’à en faire mon métier. Mais un jour, environ un moi après ma sortie, un client a cru bon de vouloir me rouler. Je l’ai donc, tout naturellement, dézingué. C’est pas que je lui en veuille, mais plutôt une question de principes. Il n’avait pas été correct, donc je l’ai puni. C’est tout.
Le ton indifférent lorsqu’il énonce ça, comme s’il parlait de la météo, te fait frémir légèrement. Qui est-ce type pour tuer de sang froid juste par « principe » ? Tu hoches doucement la tête pour l’inciter à continuer sans pour être certain au fond que c’est une bonne idée. Tu ne doutes plus à présent que ce récit soit unique en son genre : qui peut se vanter d’avoir discuté avec pareil personnage ? Pas grand monde par chez toi. Dehors, la nuit est bien entamée et la lune a fait plus de la moitié de son trajet. Si ça continue, tu vas faire nuit blanche.. Mais au fond, pourquoi pas ? Tu n’es toujours pas totalement rassuré, mais trop curieux d’entendre la suite pour vouloir partir maintenant.
-Bref. J’ai fini capturé, évidemment. En fait, je ne me suis pas vraiment débattu : c’est un juste retour des choses. Aussi normal que ma réaction face à son acte inconsidéré. Alors j’ai été racheté par un vieux type, un croque-mort. Pas trop méchant, mais profondément imbu de lui-même face à moi, simplement parce qu’il estimait m’avoir sous son contrôle. Il n’a jamais vraiment compris, au fond. Tant pis pour lui. Toujours est-il qu’il m’a utilisé comme fossoyeur. J’ai du aussi faire un rapide apprentissage chez les embaumeurs mais apparemment, ceux-ci ne voulaient pas de moi. Alors il a oublié l’idée au bout de quelques mois. Ce n’est qu’après un moment qu’il s’est décidé à me faire combattre. Ce que j’ai fait, sans broncher. J’y ai même fait des rencontres. Et c’est là que j’ai passé plusieurs années : à voyager entre les arènes et les fosses à creuser.
Un instant encore, il se tait et regarde sereinement le sol, comme s’il se revoyait en train d’y planter sa pelle. Décidément, ce type est.. Pas net. Comment peut-on être si détaché ? Bordel, il a manié des cadavres ! Il a tué des gens sans avoir l’air de s’en émouvoir ! L’espace d’un instant, l’idée qu’il ne se considère pas comme faisant parti de se monde te traverse. Comme un ectoplasme, un être différent que rien ne touche. Comme l’eau qui dort et ne laisse aucune impureté troubler sa surface alors qu’en elle sommeil mille et une choses.
-J’ai fini toutefois par en avoir assez, de cette vie. J’avais envie de rester seul avec moi-même et mes fantômes. Ceux qui j’ai tué, ma mère.. Ces gens qui ont traversé ma vie sans pouvoir l’atteindre. Et ça aussi, c’est dans l’ordre des choses. Alors il y a.. Quoi, une douzaine d’années ? Un peu moins, je crois.. J’ai décidé de partir. Je ne sais pas trop si mon ancien maitre a survécu. Je l’avais enterré vivant. Lui qui a passé sa vie à charrier des corps, sa place était naturellement parmi eux, vous ne pensez pas ? Je suis donc parti et j’ai erré pendant deux trois ans, je ne sais pas trop. J’ai finalement entendu parler d’un village d’esclaves libres, et je l’ai cherché. Pas évident, il m’a fallu tâtonner. Mais finalement j’y suis parvenu, et j’ai pu y retrouver d’ailleurs quelques vieilles connaissances que j’avais rencontré en arènes. Bref, voilà.. Je ne vois pas quoi dire de plus. Comme vous pouvez le voir, ma vie n’a rien de passionnant.
-Je ne suis pas d’accord. Vous avez vécu plusieurs choses.
-Comme tout le monde par les temps qui courent, vous ne pensez pas ?
Son regard pénétrant qui te fixe te donne un frisson, sans que tu ne saches pourquoi. Au moins, tu sais à présent comment il est apparu ici alors que tu l’avais aperçu il y a si longtemps aux arènes.. Regardant le soleil qui se lève, tu te rends compte qu’il est en fait l’aube. C’est une bien étrange nuit que tu as vécu. Avec un sourire, tu t’apprêtes à prendre congé de ton hôte.
-Je crois que je vais me reposer un peu.. J’ai déjà trop abusé de votre temps.
Il se lève et te fait un sourire indéchiffrable. Courtois, Jaafar te salue et sort de la case, sans un mot.
Tu n’es pas sûr d’être ravi de l’avoir rencontré, finalement..
- Une présentation rapide du joueur:
Pseudo : Satan
Age : 23 ans. (Et moi aussi, toutes mes dents)
Autre : Je réutilise une fiche déjà faite sur un autre forum parce que ce dernier, visiblement, est mort avant même que j'ai pu y développer mon personnage. Si besoin, je peux prouver qu'il s'agit bien de moi sur cet autre forum, par exemple en modifiant une chose sur la fiche de cet autre fofo. Si besoin.