Tu entretiens tes cheveux blonds avec un certain acharnement. Tu n'aimes pas qu'ils te tombent dans les yeux, qu'ils te chatouillent les oreilles, qu'ils te grattent sur la nuque, alors tu coupes tout ça régulièrement avec ton petit couteau caché dans ta botte qui ne te quitte jamais.

Tes yeux bleus sont aiguisés, vifs, tu remarques bien les petits détails, les changements d'humeur caractérisés par des frémissements de narines, des plissements de paupières ou des battements de cils rapides. Tes yeux parviennent aussi bien à lire les autres qu'à te trahir, car très expressifs ils n'hésitent pas à s'inonder de larmes lorsque tu es blessé, à s'assombrir pour témoigner de ta colère ou de ta contrariété, à fixer le sol lorsque tu es embarrassé et à fuir les regards vers la droite, ou la gauche, quand tu t'essaies au mensonge.

Ta peau, bien qu'exposée souvent au soleil, est simplement halée au lieu d'être tannée comme celle de n'importe qui. Tu prends des coups de soleil, ça t'arrive oui, mais rien de bien méchant. Elle est très probablement la seule chose dont tu puisses être fier, tout le reste de ton corps inclus, même si tu n'aimes pas cette manie qu'elle a de se parer de rouge sur tes pommettes lorsqu'une envie de disparaître dans un trou de souris te prend à une remarque déplacée ou grossière.

Niveau corpulence ? Tu fais un petit mètre soixante quatorze, ce qui faisait tellement ridicule à côté de tes camarades te toisant de leurs mètres quatre-vingts et plus. Mais tu t'en moquais, ce n'est pas la taille qui compte après tout. Pour preuve, avec tes quatre-vingt sept kilos de muscles actuels tu écraserais au bras de fer la plupart de ces montagnes. Tes muscles ont été taillés par l'effort, le vrai, pas seulement par l'arme que tient la main ou par les coups de boucliers qu'encaissent les épaules. Tu es fier de la sculpture de ton corps, même si tu regrettes, justement, de ne pas être assez bon pour l'exploiter correctement.

Et enfin ce collier, une simple sangle retenant captive une émeraude ovale. Offert par ta mère, qui le gardait précieusement pour le donner à son premier fils, tu y tiens comme à la prunelle de tes yeux et serais prêt à faire n'importe quoi pour le garder. Vraiment n'importe quoi. Comme par exemple mourir, ou pire ! Offrir ton corps.

Avec la vie que tu as eues, tu aurais pu devenir défaitiste, pessimiste, abattu et râleur. Mais tu es doté d'une volonté de fer qui n'a rien à envier au meilleur des guerriers. Qu'importe que tu prennes des coups, que tu t'effondres, que tu te blesses, que tu t'épuises, toujours tu te relèveras jusqu'à ce que ton corps ne puisse réellement plus t'obéir. Et alors à ce moment-là tu utiliseras ta bouche pour cracher tout le mépris que tu ressens à la face de tes agresseurs.

Tu aimes bien ne rien faire, d'ailleurs. Si tu étais né au bon endroit, tu aurais pu te complaire à lire installé tranquillement dans un fauteuil, mais à la place tu peux rester des heures allongé dans le sable à observer la lune et les étoiles, à défaut de lire ton cerveau t'emportant vers des contrées lointaines et anciennes, sauvages, passées.

Ce n'est pas que tu es con, c'est plutôt que tu es un incompris. Un artiste, comme dirait ta mère. Bien que tu n'aies aucune idée du talent d'artiste que tu puisses avoir, il ne fait en tout cas aucun doute que ce n'est pas celui du maniement de l'épée. Ou de la hache. Quant aux boucliers... tu les vois bien repeints avec des couleurs vives et accrochés au mur pour faire une belle décoration. Rien de très glorieux, donc.

Et aaah... Ce don pour l'orientation que tu n'as pas. De base tu ne sais déjà pas faire la différence entre la gauche et la droite, le Nord ou le Sud, mais alors en plus quand tu dessines ça devient pire. Aucun talent là-dedans non plus.

Tu t'en fiches un peu, au fond. Ces défauts ne te préoccupent pas plus que ça. Il t'arrive même d'en rire lorsqu'on te le fait remarquer, car ça oui, de l'humour tu en as, de l'auto dérision également. Tu as conscience de ce que tu vaux et ne te prends pas au sérieux, tant pis si ça vexe les gens autour de toi qui ont un peu trop d'orgueil pour que ce soit sain. S'ils se blessent, c'est bien qu'ils ont une trop haute estime d'eux-mêmes, non ? Bon, alors.

Enfin, tu es souriant. Poli, agréable, gentil avec les vieillards et très altruiste, n'hésitant pas à aider ceux qui ont besoin et à secourir les faibles et les opprimés. Un vrai bourreau de justice, elle te tient à coeur. Ta mère ne t'a pas appris grand chose durant ton enfance, mais grâce à elle tu as rapidement compris que tu ne pourrais jamais faire partit des méchants. Or mon petit, dans cette partie du monde, ce sont plutôt les méchants qui gagnent à la fin.

Tu as complètement raté ta vie, mon pauvre... Ta mère n'a mis au monde que des filles avant toi, puis après, au point d'être encore moins bien respectée que les autres par les hommes, les guerriers de la tribu, les décideurs. Tu as bénéficié de toutes les attentions pour devenir fort, étant l'unique qu'elle mis bas... Ce qui ne t'est jamais arrivé. Malgré les heures que tu pouvais passer à manier toutes les armes possibles tu ne progressais pas d'un pouce, cumulant maladresse et manque de force physique. En bref, tu étais nul à chier. Et ça ils s'en sont rapidement rendu compte alors on t'a poussé à partir, à rejoindre l'Ouest où, selon les propos moqueurs des autres jeunes hommes de ton âge, "ils aimeront avoir une belle minette comme toi dans leur Palais".

C'est ce que tu as finit par faire le jour où un groupe de guerriers s'est "dévoué" pour te castrer, évitant ainsi que tu perpétues ta médiocrité. Tu t'y es farouchement opposé, t'es enfuit avant qu'ils ne passent à l'acte et tu as erré sans but, vivant seul bien souvent ou parfois en petit comité. Rejoindre les autres tribus était pour toi impensable, alors tu gardais cette idée fixe de devenir fort pour pouvoir regagner un jour ta Tribu et l'honneur de guerrier qui va avec. Tu avais 16 ans, tu en as aujourd'hui 24, et tu n'en es toujours pas capable. A ton grand dam.

Durant ces années tu as fait la rencontre de personnes plus ou moins intéressantes, travaillant parfois de tes mains pour gagner de quoi manger ou bien offrant tes services pour des tâches rudes et ingrates. Qu'importe, tant que ça t'offrait un toit pour la nuit ou un repas chaud. La seule chose que tu as toujours refusé de faire c'est vendre ton corps, et ce n'est pas faute pourtant d'avoir eu des propositions. Tu as eu la chance de visiter les grandes villes, t'es approché de la Barrière de Fer et même de cette fameuse ruine du Temps Ancien dont tu entendais parler dans les contes de ta mère. Tu as tourné en rond, aussi, beaucoup, parce que tu ne possèdes aucun sens de l'orientation, et tu avais beau avoir fait ta propre carte tu n'avais même toi aucune idée de comment la lire. Désespérant.

Ta vie n'a été qu'un amas d'échecs consécutifs, mais malgré tout tu as toujours continué de marcher, t'entraîner -ou au moins essayer- et développer ta masse musculaire. Non que cela te serve, mais ça avait le mérite de passer le temps et, aux premiers regards, d'intimider un peu ceux qui hésitaient à t'attaquer. Passer le temps jusqu'à ce qu'un groupuscule te tombe dessus et que tu ne te retrouves avec un collier autour du cou et des chaînes aux poignets.  
- Dites, vous m'emmenez où exactement ?
- Au marché aux esclaves, on vend bien nos prises là-bas. Avance !
Il tire sur ton cou, tu te mélanges les pieds et te vautres lamentablement. Tu te redresses et craches un peu de sable sous leurs rires moqueurs, te prends même un coup de cravache sur le cul qui te fait faire un bond en avant. Tu les foudroies du regard mais te retiens de répondre, à quoi cela pourrait bien servir de toute façon...
- J'suis sûr qu'on va t'vendre à prix d'or ! Mate-moi un peu, une vraie pucelle !
Et en plus il semblerait que le mot "vierge" soit tatoué en gros sur ton front ! Gé-nial. Ta vie est magnifique.

Pseudo : Omy
Âge : 29 !
Comment avez-vous connu le forum : J'ai été kidnappée !  
Votre présence sur le forum : Heu... Une fois par jour ? C'est ça la question ?
Êtes-vous un DC : Non !
Un Commentaire : Smourbiffe ?