"Qu'importe la taille de la montagne, qu'importe la résistance de la roche, l'océan finit toujours par en venir à bout".
Pirate. Une insulte que les gens aiment te cracher au visage lorsqu'ils réalisent que tu les as trompés, que tu as mentis, que tu les as trahis. Une insulte qui te flatte, qui te fait rire, qui te met de bonne humeur pour le reste de la journée jusqu'à ce qu'autre chose ne vienne l'assombrir. Oui tu es un pirate, tu ne l'aurais jamais cru et pourtant tu adores ça. Naviguer, piller, aborder, trancher et amasser des trésors faits de chair et d'or. Dominer l'océan et ses caprices, le faire sien l'espace d'un instant avant qu'il ne rappelle en un claquement de doigts que non, on ne le domine pas. C'est lui qui accepte de se soumettre pour cette fois.
Ce qui te convient très bien, car la docilité et la soumission tu as horreur de ça. Où est le challenge ? Où est l'entourloupe ? Où est le caillou dans la chaussure ? Tu as besoin de difficulté dans ce que tu entreprends car tu veux prouver, à toi et aux autres, que ta valeur est intemporelle, immuable. Ton nom si durement acquis tu dois le mériter, et tu fais toujours en sorte de l'entendre murmuré par les voix éraillées de témoins de tes exploits, suffocantes de tes amants, étranglées de tes adversaires mourants.
Oh tu n'es pas vraiment sadique, du moins pas tout le temps. Tes gestes sont doux, d'une précision chirurgicale lorsqu'il s'agit de stimuler des zones érogènes, et peuvent être affectueux lorsque l'envie te prend. Ou la compagnie... Car oui tu es tactile, tu aimes poser tes grandes mains sur les personnes proches de toi car tu pars du principe qu'on ressent toujours mieux en touchant. Restes de tes années passées à jouer de la lyre, on peut supposer...
Il arrive que quelqu'un ne veuille pas spécialement de ton contact et que tu ne sois pas d'assez mauvaise humeur pour lui ouvrir la gorge en deux ou lui faire avaler sa propre virilité. Dans ces cas-là souvent tu vas te montrer joueur, cherchant justement le contact pour voir combien de temps on va refuser, on va lutter, on va te résister. Eh oui, tu es du genre chiant comme mec. Reste à savoir si tu es un gentil chiant, ou pas. A bien y réfléchir, ceux qui te connaissent bien pourront témoigner que plus tu es chiant, et plus tu apprécies la personne que tu passes ton temps à emmerder. Paradoxal, certes, mais tu n'as jamais prétendu de toute façon être équilibré ni tout noir ou tout blanc.
Il t'arrive malgré tout d'avoir des moments de calme. Oui oui, absolument. Lorsque tu es seul, loin de tous, et que tu contemples la mer ou le ciel en te rappelant chez toi. Dans ces moments tu pourrais sortir ta lyre et en tirer une ancienne mélodie, douce et nostalgique, que tu accompagnerais probablement de ta voix qui se ferait alors plus douce et chantante. Talent caché, noyé, mais pas oublié pour autant. Chant aussi éphémère que ces instants où tu te laisses aller, et qui disparaît au moindre bruit comme l'écume d'une vague sur laquelle le vent aurait trop soufflé.
Oh tu te caches tellement, tu te caches si bien... Peut-on réellement croire que le jeune homme qui chantait, jouait et dansait a complètement disparu ? Peut-on penser que le guerrier qu'il est devenu n'est plus rien d'autre que l'épave qui s'est échouée sur les rochers ? Question hautement philosophique que l'un de tes anciens camarades t'a posée après t'avoir vu empaler un prisonnier à sec. Ce à quoi tu as réagit en lui adressant un regard triste embué de larmes, paupières légèrement baissées comme repentant, caressant tendrement les cheveux du prisonnier... avant de redresser le menton avec fierté et offrir ton plus beau sourire de connard au questionneur en glissant un bout de bois au coin de tes lèvres charnues.
- Ouais, et alors ? Si ça te fait chier c'est pas mon problème. Va t'entraîner et m'emmerde pas ou le prochain que j'empale c'est toi, c'est clair ? Allez, bouge !!!
"Et c'est ainsi que l'enfant devint homme."
- Félicitations Seigneur Ottan ! C'est un garçon !
Fils de Seigneur dans un monde éloigné où les villages s'efforcent de vivre les uns à côté des autres, certains attaquant lorsque les autres défendent. Ton village à toi n'avait rien de guerrier, il était un peu éloigné de tout et les villageois vivaient en bonne entente. Toi tu étais si beau, si doux, si tendre que ta mère t'appris rapidement l'élégance qui t'allait si bien. A trois ans déjà tu chantais et dansais, passais des heures à observer ta mère jouer de cette lyre offerte à son mariage avec ton père. Doté d'une capacité d'apprentissage hors normes tu la maîtrisais à cinq ans et composais tes propres mélodies à sept. Tu faisais la fierté du village, ceux qui entendaient parler de toi en étaient verts de jalousie.
- Seigneur Ottan, votre fils est magnifique ! Ses traits sont doux et délicats, on dirait presque une fille !
Tu les as gardés longtemps tes traits de fille. A dix ans, ta mère t'offrait sa propre lyre sur le bois de laquelle fut gravé ton prénom, Maximus, en lettres capitales. Un très vieux prénom, trouvé dans une relique, prénom noble il paraît. Tu n'as jamais cherché davantage mais ce prénom était le tien alors tu faisais avec. Tu souriais, dansais, chantais également lors de longues veillées, attirant autour de toi hommes, femmes, enfants, adolescents. Ton corps en pleine croissance s'épanouissait de jour en jour tandis que tu copiais les troubadours et les autres danseurs chaque fois à la perfection grâce à tant d'efforts acharnés.
- Maximus... Accepterais-tu d'être mon premier ?
Tu avais accepté, évidemment. Tu la connaissais depuis toute jeune, vous aviez joué ensemble et elle avait ondulé sur ta musique. Tu t'étais perdu sous les draps avec elle, tu avais passé des heures à fouiller les moindres recoins de son corps en scrutant son visage pour savoir exactement quel endroit lui faisait quel effet, et combien de temps. Tu en as eu une autre, puis une autre, et à seize ans tu étais appelé avec amusement par tes amis "Maximus le Faiseur de Femmes". Cela ne te dérangeait pas, tu accueillais ce surnom avec une certaine tendresse dans le regard et un sourire amusé. "Ne vous inquiétez pas mes amis, je vous apprendrai." que tu répondais de ta voix douce et enjouée. Et tu le faisais, évidemment, car tu étais un jeune homme qui aimait tenir sa parole, partager ses connaissances, prendre soin des personnes auxquelles il tenait.
- Allons Maximus, inutile de te débattre ! Tu vois bien que tu ne peux rien contre moi !
Tu regardais l'homme qui t'avait capturé alors que tu rentrais chez tes parents, l'homme qui avait organisé l'attaque de ton village et fait tant de prisonniers. Tu détournais le regard pour ne pas le voir défaire son pantalon, prendre place entre tes cuisses, mais tu l'entendais grogner à ton oreille une question qui changea toute ta vie.
- Dis-moi où ton père a caché son or et j'épargne ton village...
Et tu le lui as dit. Ils sont allés le chercher, ton père à genoux t'offrit pour la première fois un regard tellement remplit de colère que tu eu peur.
- Tu ne pouvais pas la fermer ??? Tu es complètement con ou quoi ?!
Tu n'avais pas compris. Tu ouvris la bouche pour essayer de te justifier, mais tu ne vis que sa tête détachée de ses épaules rouler au sol. Puis le guerrier t'avait emporté jusqu'à sa chambre et pris ce que tu n'avais jamais eu l'intention de donner à qui que ce soit : ta propre virginité. Au milieu des cris au-dehors et des flammes qui embrasaient les maisons, il grognait en réclamant de toi que tu cries, que tu hurles combien tu aimais qu'il te baise. Au lieu de quoi tu avais souris et lui avais murmuré à l'oreille un "c'est moi qui te baise, amateur..." avant de te mettre à venir de toi-même au-devant de ses coups de reins, t'empalant de ton propre chef sous son regard stupéfait.
- Maximus ? Viens... J'ai envie de toi...
L'homme qui avait pris ton village était au service d'un pirate plus puissant que lui dont le jeune fils était appelé à devenir son successeur. Au début de votre "relation" il te présentait à tout un chacun comme étant sa pute privée, mais au fil du temps il était devenu évident pour tout le monde, y compris pour lui, que tu le menais par la queue et qu'il adorait ça. Lorsque tu n'étais pas dans son lit à le culbuter comme la chienne en chaleur qu'il était, tu t'entraînais contre divers guerriers à manier et maîtriser un éventail d'armes toujours plus monstrueux.
A 25 ans tu étais parvenu à lui faire accepter de retrouver ta lyre, et lorsque tu avais entendu dire qu'un jeune garçon de 19 ans était devenu Capitaine et embauchait sur son navire des guerriers tu t'étais dit que pourquoi pas, toi aussi, tu pourrais en être : tu voulais absolument voir ce que valait ce jeune garçon. Alors tu pris ta lyre, grimpas sur le toit, et ta voix résonna dans la nuit pour la première fois depuis ta capture. Chacun savoura la pureté de ton chant, y compris ton amant qui était subjugué par ta contemplation. Puis au bout d'un moment la musique ralentit, baissa de volume, et au moment où la dernière note s'éteignit, une dague se ficha pile entre les deux yeux de ton capitaine. Le dernier homme à connaître ton prénom s'était éteint.
- K... Karnaj... Aide-moi mon frère... J'ai mal...
Grimaçant et époussetant tes vêtements, tu observais l'endroit inconnu où vous vous étiez échoués. Ca ne te rappelait rien du tout, et visiblement ça ne parlait à personne. Cherchant du regard ton capitaine, l'ordre fut donné de découvrir les lieux et tu fis partit des premiers à y aller après avoir égorgé le cafard qui s'était accroché à ta jambe en pleurant. Du soleil, du sable, de la chaleur... L'enfer sur terre, vous veniez de le trouver. Le souffle court, tu retirais ta chemise en haillons et te servais d'une manche pour te faire un bandage de fortune au bras, blessé durant l'orage, ta lyre sauvée par on ne sait trop quel miracle accrochée dans ton dos et cachée par tes lames. Marchant toujours, tu regardais tes compagnons d'infortune tomber les uns après les autres tandis que toi, ton corps se forgeait pour résister à cet environnement si agressif. Jusqu'à trouver l'oasis.
- Capitaine, Capitaine ???
Assis à la grande table de ton salon tu lèves tes yeux bleus de la dague que tu es en train d'affuter pour les poser sur ton matelot. Un regard, une mise en garde, et il se fige sur le pas de la porte en attendant patiemment que tu aies terminé. Une dizaine de minutes plus tard, tu te concentres à nouveau sur lui et lui offres un sourire avenant.
- Oui mon petit, je suis tout à toi... - C'est qu'en fait on a retrouvé Achab à Assima, mon Capitaine !
La dague vient se planter dans la poutre de bois juste à côté de sa joue gauche, l'entaillant assez pour qu'y perle une petite goutte de sang. Tu croises tes doigts, y poses ton menton tandis que tu le dévisages avec intérêt, tes yeux écarquillés de curiosité et de surprise.
- Achab. Le Capitaine qui a périt dans l'incendie ayant ravagé son navire et son équipage. C'est de lui que tu me parles ? - O... Oui mon Capitaine...
- Et donc selon toi il serait en réalité toujours en vie, et planqué à Assima depuis tout ce temps ? Sans me donner de nouvelles, à moi, son si cher et si vieil ami tellement triste de sa mort ? - F... Faut c-c-croire mon Capitaine... J'vous jure que j'l'ai entendu d'mes oreilles !
- Ooow... Et bien sûr il y tient, à ses petites oreilles... Tu secoues la tête, l'air attendrit alors qu'un sourire étire tes lèvres sur tes dents aux canines aiguisées. Ton air calme, gentil, posé ne fait que trembler davantage l'homme face à toi et une tâche brune apparait rapidement sur son pantalon alors qu'il répond dans un sanglot.
- J... J'vous jure... sur tout c'qu'j'ai... D'mandez à... à Yassin... Y-y-y'était avec moi...
Tu dénoues tes doigts, poses tes mains à plat sur la table avec délicatesse et une certaine grâce dans ton mouvement. Tu contournes la table, approches tranquillement de l'homme qui se ratatine comme s'il voulait s'encastrer dans le mur. Tu refermes tes doigts si longs aux ongles aiguisés autour de sa gorge et le soulèves à toi sans effort en répondant enfin avec enthousiasme.
- Et bien, espérons pour tes jolies oreilles que c'est bien lui que je trouverai là-bas ! Sinon je te les ferai porter en collier et j'offrirai ta langue à Yassin, l'idée te plaît ? - O... O-o-o-oui mon Capi... Mon... Mon Capitaine...
- Qu'il est mignon... Tu le regardes s'effondrer lorsque tu le lâches enfin et l'éloignes de toi d'un coup de pied dans les flancs avant de te tourner vers deux montagnes de muscles que tu dévisages longuement.
- Assima, hein... Et bien, ce sera l'occasion de visiter !