Assez banal. Pas d’une grande beauté, ni même d’une réelle laideur, Alkah ne se démarque pas très bien des jeunes hommes de son âge. Sa musculature assez discrète révèle une personne trop peu habituée aux travaux physiques. Sa peau cuivrée s’étend jusqu’à une chevelure d’une couleur assez banal. Pas de blond comme l’éclat du soleil, roux comme le feu ou bien noir comme les ailes d’un corbeau. Non, juste brun. L’originalité n’est même pas présente dans ses iris d’un marron qui tend parfois vers des reflets plus clairs. Mais on remarque qu’il a tout de même un visage bien expressif, qui ne peut mentir. Sa voix, quant à elle, est d’une douceur presque troublante, chaude et profonde. Cela lui donne un air plus sage à dire vrai lorsqu’il ouvre la bouche. Entre autres, il pourrait passer inaperçu dans une foule, s’il n’est pas habillé de ses belles tenues chatoyantes pour divertir son public.

C’est sa curiosité et sa soif de connaissance qui caractérisent le jeune Alkah. D’un naturel studieux, il est du genre obstiné quand il s’agit de venir à ses fins. Qu’importe le temps qu’il lui faudra, il parviendra à accomplir ses souhaits avec acharnement et sérieux. Et pourtant, lui qui semble être un érudit beaucoup trop sérieux, Alkah est irréversiblement attiré par la lumière, par la beauté des choses, des petits moments de la vie, de la musique, de la danse, des festivités, de la décadence et de l’extravagance. Tout cet univers le fascine, si lumineux et contradictoire de sa voie pourtant si sérieuse. C'est pour cela qu’il aime la danse ; se sentir vivant, emporté par l’ivresse de la vie. Cela l’aide à combattre sa timidité, à se révéler sous cette carapace si calme et studieuse. La main dans le cœur, il aime rendre service et est d’un naturel respectueux. Parfois cela lui porte défaut, car on lui reproche d'être trop gentil. Néanmoins, s’il devait se défendre, Alkah se trouverait dans une situation quelque peu délicate : très peu enclin à la violence, il est facilement impressionnable ; il est peureux et est d’une grande sensibilité. Il ne peut que faire confiance à sa facilité d’adaptation et sa vivacité d’esprit.

C’est au Palais de l’Ouest qu’Alkah vit le jour. Il fait parti de ces jeunes gens n’ayant pas eu la chance de connaître leur mère, mais ce manque maternel fut néanmoins assez comblé par l’attention qu’on lui porta. De cette cage dorée, le jeune homme en gardait de bons souvenirs, d’adultes à ses bons soins, d’histoires qui ont bercés ses nuits, d’instructions qui ont comblé sa curiosité, d’apprentissages qui firent de lui l’homme qu’il était devenu. Il avait très vite montré un intérêt à venir aide à autrui et c’était sans nul doute à cause de cela qu’il commença à s’intéresser aux guérisseurs.

Lorsque sa seizième année arriva, ses pas le menèrent dans la grande cité d’Assima, là où la Grande Bibliothèque pouvait lui fournir toute la connaissance qui lui était nécessaire pour satisfaire sa curiosité. Ce fut aussi dans cette cité qu’il chercha un Guérisseur pour lui apprendre son savoir. Un vieil homme un peu grincheux, mais qui était conquis par le sérieux et la détermination du jeune homme. Apprenti guérisseur la journée, rat de bibliothèque en soirée et vagabond lorsque la nuit battait à son comble… Il se souvenait, d'une nuit où il rentrait bien tard de la bibliothèque, de ces rires, ces chants et cette musique. Il s’était approché timidement, n’osant se mêler à la foule, étant quelque peu timide. Ils étaient rassemblés autour de ces danseurs qui se joignaient aux musiciens, jouant avec le feu. On tapait des mains, on criait et sifflait, tandis qu’ils dansaient avec une grâce qui envoûta le jeune érudit.

Ce fut depuis cette fameuse nuit que le jeune homme mena une double vie. Au fil des années, il aiguisa ses connaissances en médecine et assouplit ses muscles pour charmer son public. Il était un homme comblé, jusqu’à que vint ce fameux jours… Il avait voulu accompagner un convoi qui se dirigeait vers Madina car il désirait voir cette cité de ses propres yeux, voir cette fameuse Barrière d’Acier. Il avait dansé pour eux, à la nuit tombée, entre les rires, les chants et la boisson. Il avait tenté de fuir lorsqu’ils attaquèrent, nourrissant le sable de sangs et de cadavres. Zadiste fut son nom. Zadiste qui, cette nuit-là, détruisit sa vie. La corde au cou et aux poignets, ce fut ainsi que commença sa nouvelle vie…

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